Enna: chambre avec vue sur l’Etna?

C’est depuis l’autoroute cahotante venant de Palerme que j’ai aperçu pour la première fois Enna. Perchée sur son éperon rocheux, la ville était entourée d’un brouillard lumineux qui empêchait de bien la voir, comme si elle abritait la demeure des dieux, invisible depuis la vallée. Elle faisait face à une autre ville qui dévalait la pente douce d’une haute colline. Nous sommes montés peu à peu dans ce brouillard doré par une route longeant la falaise. Après avoir tourné difficilement dans les rues étroites typiques des vieilles villes italiennes nous avons atterri dans l’auberge de jeunesse avec vue sur ce qui était censé être l’Etna.

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L’Etna ? On a eu beau chercher avec les jumelles rien au loin qui  ressemble à un volcan, il faut dire que le brouillard n’aide pas, on ne risque pas de percevoir l’Etna au bout de ces 50km qui nous séparent de lui. C’est alors qu’on apprend en regardant les infos italiennes, tout à notre déjeuner et repos bien mérité de ces premières heures de road trip, que l’Etna vient tout juste d’entrer en éruption, à peine quelques heures avant notre arrivée. Le gros nuage que nous voyons au loin et qui se déplace jusqu’à la ville créant cet étrange brouillard est en fait un nuage de cendre. Les siciliens n’ont pas l’air plus alarmés que ça, nous ne voyons donc pas de raison de nous inquiéter, il parait même qu’on doit pouvoir distinguer des lumières rougeoyantes une fois la nuit tombée.

Malgré cette pluie de cendre qui s’abat sur nous, nous nous risquons à mettre le pied dehors pour visiter la ville, et ce sentiment de revivre les derniers  jours de Pompéi ajoute au charme de cette balade, mais me fait nettement moins rire lorsque j’aperçois l’état de mon joli short blanc à la fin de la journée. Nous remontons tranquillement la ville, essayant d’éviter les cars de touristes allemands. Sous cette lumière dorée la ville est vraiment charmante, la vue sur la Vallée et sur la ville d’en face est superbe, les rues regorgent de trésors cachés, de vieux palais baroques décatis où est étendu du linge encore humide. Au bout de la cité se trouvent les ruines du château et le promontoire d’où on tente à nouveau, et sans plus de succès, d’apercevoir le volcan. Malgré les cendres qui ne cessent de nous tomber dessus il fait froid ici, on est à plus de 1000m d’altitude, la différence de température se fait sentir, j’ai hâte de retourner à l’auberge pour y mettre un pull et un jean que j’ai finalement bien fait d’emporter avec moi.

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Le soir Enna nous réserve une nouvelle surprise. Toujours emprisonnée dans son halo de brouillard ou de cendres, on ne sait plus très bien, la ville qui était calme, voire morte, durant la journée se réveille soudainement. Sur le chemin de ronde qui passe sous notre balcon la jeunesse sicilienne semble s’être donnée rendez-vous, enfin jeunesse, il s’agit principalement d’adolescents, des jeunes de 14 à 18 ans se promènent partout dans la rue, jouent au foot, discutent, prennent un dernier verre sur les balcons face à l’Etna qu’on ne voit toujours pas. Les rues sont pleines de monde, les voitures ne peuvent plus passer, mais où se cachait toute cette population il y a quelques heures ? D’où viennent tous ces gens ? Que viennent-ils faire ici ?

Lorsque je me réveille à 3h du matin, je jette un coup d’œil par la fenêtre, toujours pas de lumière rougeoyante, en revanche les jeunes sont toujours dans la rue, ils n’y font rien, ils sont juste là, et redonnent vie à cette cité perchée jusqu’aux premières lueurs du matin où  nous repartons dans le calme de la ville, sous les cendres dorées, toujours.

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