O Cruel is the snow that sweeps Glencoe and covers the grave O’Donald…
Par une froide matinée écossaise, chaussées de nos gros manteaux et de bonnes chaussures, nous avons traverse Glasgow encore endormie pour prendre le bus, direction les Highlands de l’Ouest: Loch Lomond, Oban et surtout Glencoe et les Three Sisters.
Je savais à quoi m’attendre en me rendant à Glencoe, j’y étais déjà allée il y une dizaine d’année, je l’avais alors vu sous l’herbe verte entre brume et rayons de soleil. Je savais que cette fois-ci serait très différente : plus froide, plus magique aussi peut-être. Cette petite halte à Glencoe pour la journée m’a permis de m’intéresser un peu plus à l’histoire de l’Ecosse et surtout à ce fameux « massacre de Glencoe » dont Stephen, notre méchant guide, nous a parlé. Mais trop fascinée par le lieu je n’ai rien écouté, il a fallu que j’aille fouiller à la bibli (et sur wikipédia) à mon retour pour me mettre à jour. Alors aujourd’hui, petit cour d’histoire anecdotique : Le Massacre de Glencoe !
On est à la fin du XVIIe siècle, pour situer un peu Louis XIV est roi de France, bien établi dans son Versailles. Pendant ce temps en Grande-Bretagne la vie monarchique est bien moins funky : le roi Charles Stuart s’est fait couper la tête et son descendant le roi Jacques II a dû s’exiler en France – à Saint-Germain-en-Laye -, il n’est pas la bienvenue en Angleterre essentiellement parce qu’il est catholique et que les anglais sont devenus anglicans depuis un bon siècle. A ce moment un type arrive, il est néerlandais et s’appelle Guillaume d’Orange, il demande le trône de Grande-Bretagne que les britanniques lui donnent. Pourquoi ? Parce que Guillaume est protestant lui !
Avant le 1er janvier 1692 tous chefs de clans doivent avoir prêté serment d’allégeance au nouveau roi Guillaume. Mais voilà qui pose problème : les écossais sont liés par serment aux Stuarts, descendants de Marie Stuart et rois d’Ecosse. Ils doivent alors attendre une missive du roi exilé qui les délie de leur serment pour pouvoir se présenter à Guillaume comme nouveaux sujets fidèles. Le clan des MacDonald, fervents « jacobites » prennent le temps. Au dernier jour enfin, le chef du clan ou sept (héhé comme les septons de Game of Thrones), se rend à Fort William pour y prêter serment. Hélas ! Le shérif d’Argyll qui le reçoit, un membre du clan Campbell lui explique qu’il n’est pas habilité à recevoir ce serment et lui demande de se rendre directement dans la résidence principal des ducs d’Argyll, chefs du Clan Campbell, le château d’Inveraray. Après trois jours de tempêtes et de neige, le chef Mc Donald parvient enfin à destination. Le serment est accepté malgré le retard.
MAIS deux mois plus tard, alors que la neige soupoudre Glencoe, une partie du clan Campbell passe sur les terres des McDonald à Glencoe et demandent l’hospitalité, tradition écossaise.Au bout de deux semaines de vie commune un message parvient au capitaine Robert Campbell, qui est aussi un parent des McDonald. Il s’agit d’un ordre signé du roi Guillaume d’Orange demandant à ce que le 13 février tous les McDonald de moins de 70 ans soient passés par l’épée pour qu’il ne reste aucun survivant du clan des McDonald de Glencoe.
A cinq heure du matin le massacre commence. Ceux qui ne sont pas tués fuient dans les montagnes de Glencoe avec femmes et enfants et meurent de faim et de froid. Les rares survivants fuient l’Ecosse, prévenus et aidés sans-doute par certains Campbell n’ayant pas voulu obéir aux ordres et rompre la règle de l’hospitalité. Même si les Campbell sont les grands méchants de l’histoire il ne faut pas oublié qu’ils sont désormais soumis à l’allégeance envers le roi et risquent le parjure en allant à l’encontre des ordres.
Reste que ce massacre a profondément choqué les écossais par sa trahison et sa violence, jusqu’à tard il était indiqué dans certaines auberges « interdit aux Campbell ». Cette histoire rend aujourd’hui les terres de Glencoe et des Three Sisters encore plus mystérieuses et sauvages.
De manière générale l’arrivée à Glencoe ne laisse pas indemne : soudain plus personne ne parle, on a toujours le souffle un peu coupé par la beauté et la grandeur du paysage, c’est difficile de ne pas tomber amoureux de l’Ecosse après avoir vu ça. Une foule de sentiments agite les cœurs, c’est assez indescriptible, une chose est sure : il faut y être allé une fois dans sa vie !
Et voici une petite vidéo avec musique gaélique pour donner une idée du truc:
Mais ils sont super méchants ces britanniques !
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