Je suis partie en Bulgarie sans aucun plan, je savais seulement que je devais rejoindre mon amie en traversant le pays en bus. Sur le papier ça ne semblait pas bien compliqué, j’avais pourtant oublié un point primordial : non seulement je ne parlais pas le bulgare, mais je ne connaissais pas non plus l’écriture cyrillique. Ma première impression de la Bulgarie a donc été cette immense gare vide et en travaux où tout était écrit dans des signes qui m’étaient inconnus, et où perdue sous un soleil de plomb j’ai pu péniblement déchiffrer ces cinq lettres V.A.R.N.A indiquant que mon bus partait dans 5 minutes et que je n’avais donc pas de temps à perdre. Assise confortablement j’ai pu profiter de ces 6 heures de route pour dormir, malheureusement Varna n’était pas le dernier arrêt et n’était pas non plus le premier mais dans la nuit comment savoir où mon bus s’arrête ? C’est donc avec ce seul mot « Varna », répété à chaque arrêt à mes voisins qui se contentaient de hocher la tête négativement, que j’ai pu descendre à minuit, paniquée, sur un parking de centre commercial en pleine Bulgarie et apercevoir enfin les mèches blondes de Margot qui m’assuraient que le périple était fini et que je m’en étais sortie. Nous sommes reparties en taxi, je me suis laissée conduire, j’ai visité l’appartement sans le voir, et je me suis mise au lit. Une voiture au dehors passait « All that she wants » de Ace of Base. La Bulgarie était restée en partie dans les années 90’s. Je me suis endormie en souriant, rassurée par ce cliché auquel je m’attendais.
J’ai passé trois jours à Varna, sur internet j’en avais vu des images pas vraiment glorifiantes d’une cité balnéaire avec de gros immeubles bétonnés, et pourtant Varna m’a enchantée. La Perle de la mer Noire. Connue principalement pour son activité touristique estivale, Varna vaut vraiment le coup d’être visitée. Berceau de la civilisation thrace, carrefour entre l’Europe et l’Asie, la ville a vu s’implanter tour à tour des Grecs, des Romains puis des Ottomans, autant de vestiges qui se sont recouverts les uns les autres et qui donnent à la ville une identité particulière et qui reprennent peu à peu vie après la longue période communiste.
- Le centre-ville
J’ai arpenté le centre-ville en long et en large : pour flâner, pour y faire du shopping, pour y manger, pour le visiter avec un free-tour – très en vogue en Bulgarie -, pour le traverser en allant à la plage. Je ne m’attendais pas en venant ici à y découvrir des maisons de style Habsbourg suffisamment décaties pour en tirer du charme. Le centre de Varna n’est pas gris et bétonné comme je m’y attendais : c’est un centre piéton qui est bordé de vieilles maisons colorées, de cafés qui donnent sur rue, le tout menant au jardin qui longe le bord de mer et offre à la ville un grand et bel espace vert.
Non loin de ces maisons et immeubles d’il y a deux siècles on peut apercevoir tour à tour une vieille maison turque, puis des ruines de thermes romains, et enfin pénétrer dans le quartier grec qui mène au port industriel. Ainsi va Varna, une ville historique dont le patrimoine n’a pas encore été sacralisé à la mode occidentale, il est bien vivant, bien que peu mis en valeur et entretenu.
Pour nous plonger encore davantage dans l’histoire de la ville, Varna a ouvert il y a quelques années un musée archéologique qui retrace les grandes périodes de l’histoire de la région avec un grand nombre de pièces : bijoux –magnifiques-, vaisselle, armes, etc. Nous n’avons pas tout à fait compris le sens de visite du musée, ni pourquoi on se retrouvait tout à coup face à des pièces égyptiennes mais le musée vaut vraiment le coup, peu cher, intéressant, et qui donne envie de se plonger dans cette histoire trop peu connue.
- Derrière le bitume : la plage
Varna est la 3ème ville de Bulgarie mais est surtout connue à l’étranger pour être l’une des principales cités balnéaires de la mer Noire, pourtant les Bulgares vous le diront : il faut éviter de s’y baigner, l’eau n’y est pas sûre, le port industriel trop proche pour que l’on sache vraiment ce qui s’y déverse. Les Bulgares préfèrent profiter des petites plages qui se trouvant dans la banlieue de la ville – ce que nous avons fait – tandis que les touristes, allemands pour la plupart séjournent dans d’immenses complexes hôteliers aux noms évocateurs tels que « GoldenSand » qui permettent de ne voir de la Bulgarie que la mer, la plage, les boîtes de nuits et les gogos danseuses. Golden Sand est la personnification de la débauche occidentale où la jeunesse européenne se pavane alcoolisée et sûre de sa supériorité sur ces pays de l’est tout aussi européens mais moins riches. Les Bulgares détestent ces lieux qu’ils ne fréquentent que l’été pour y travailler.
Si on ne s’y baigne pas, Varna possède tout de même un front de mer très agréable ! Le long du jardin maritime de Varna des murs de béton qui semblent abandonnés en hiver reprennent des couleurs dès le printemps pour donner naissance à une enfilade de bars et de restaurants avec terrasse donnant sur la plage. Une couche de peinture, des hamacs, des canapés, des chaises longues et quoi de plus reposant et jouissif que de siroter son café frappé en dissertant sur la vie face à la mer Noire ? Nous nous sommes posées au « Menthol » le bar préféré de mon amie, qui est devenu ponctuellement mon QG pour 3 jours – j’aurai pu y passer mes journées avec un bon bouquin ou un carnet d’écriture. Le soir ces bars deviennent des boîtes ou des scènes de concert, Mojito et reggae au rendez-vous.