Troisième jour de ce road-trip au Pays de Galles. Nous avons posé nos valises pour deux nuits dans une guesthouse de Brecon, la principale ville au nord du parc ; une auberge sans prétention mais qui nous propose un petit-déjeuner britannique comme je l’attendais : des beans, des œufs, des toasts et du thé à qui mieux mieux, idéal avant de réaliser le programme de la journée c’est-à-dire partir en randonnée.
Je ne me suis pas vraiment penchée à l’avance sur la randonnée que je voulais faire, comme il y a un « visitor center » à l’entrée du parc, je saisis l’occasion de faire comme Mathilde du blog de Mathilde et de m’y rendre pour demander conseil et voir un peu ce qu’on peut faire dans ce parc qui corresponde à mes critères (pas trop long, pas trop pentu). On regarde deux trois itinéraires avant de se décider pour le plus couru mais qui permet de s’en mettre tout de même plein les yeux : la boucle qui mène jusqu’à Pen Y fan, le plus haut sommet des Brecon Beacons.
Nous avons de la chance avec le temps, même si les nuages ne sont pas loin nous sommes sur un jour sans pluie, et l’alternance soleil/nuage offre déjà de beaux contrastes sur les petites montagnes qui se rapprochent. La route serpente entre les moutons et les herbes, on commence par se tromper et rouler jusqu’au réservoir au centre du parc avant de faire demi-tour et de se garer près d’une baraque à frites. Plusieurs randonnées partent de part et d’autre de la route. On nous a conseillé de commencer la grimpette vers Pen y Fan une centaine de mètres plus loin car le départ depuis la baraque est plus dur. Mais même si je veux une rando tranquille je veux quand même avoir l’impression que mes muscles fonctionnent, j’opte donc pour la montée réputée plus difficile.
Et c’est parti pour 4h de marche. On commence par suivre les crottes de moutons jusqu’au sommet d’une crête. Certes on entend et on voit encore la route mais le paysage qui se dessine ravit déjà mes yeux. Les sommets se succèdent, tandis que de l’autre côté les champs s’étalent au pied de Pen y Fan. La montée est un peu raide mais rien d’insurmontable, juste assez pour se mettre en jambe. Nous basculons alors sur l’autre versant qui descend jusqu’à une rivière où s’abreuvent les moutons (encore eux), au loin on aperçoit la route facile, qui semble surtout nettement moins sauvage. Plus loin encore l’eau des réservoirs reflète les sapins qui les bordent. On n’entend plus la route, on ne voit plus que du vert, du vert et encore du vert.
Le parc de Brecon Beacons était un des endroits que j’avais le plus hâte de voir au Pays de Galles et on peut dire que je ne suis pas déçue. Entre l’Auvergne et l’Islande, ce paysage ne ressemble à aucun autre que j’ai pu voir. L’herbe verte recouvre tout, le relief se dessine de pointes en douce falaises. On se sent transporté dans un pays imaginaire – Tolkien n’est jamais bien loin quand on se balade en Grande Bretagne – où les trolls et les lutins se cacheraient le jour des quelques visiteurs venus les déranger. Parfaitement désertique, ce lieu semble aussi vieux que le monde, inchangé, habité seulement par des moutons, on aurait envie d’arpenter les lieux pendant des heures et des heures à regarder les effets de la lumière sur l’herbe et sur les sommets.
Ce sont les derniers mètres jusqu’au sommet qui précède Pen y Fan qui sont les plus ardus: une sorte d’escalier construit dans une pierre rouge qu’il faut grimper en se servant de ses mains. Si la vue est sublime et mérite un arrêt pour reprendre un peu son souffle et admirer, il est difficile de rester longtemps car les moucherons ont élu domicile sur cette partie du chemin. Je cours presque jusqu’en haut pour m’en débarrasser le plus vite possible, et je peux alors admirer la vue de l’autre côté. Une Barrière verte qui s’étend jusqu’à une autre vallée. Des petits points blancs qui broutent l’herbe entre deux sillons créés par les eaux qui décorent la montagne.
Enfin nous arrivons au sommet, avec une vue à 360 degrés sur le parc. Le soleil se montre enfin, on distingue les nombreux sentiers de randonnée qu’on pourrait emprunter pour traverser le parc de Brecon Beacons en long et en large, mais c’est plutôt le moment de s’arrêter et de manger les fingers que j’avas soigneusement emportés dans mon sac pour un goûter au sommet. C’est finalement le vent qui aura raison de nous et nous repartons par l’autre chemin pour regagner la voiture. Plus d’une heure de descente sur un large chemin, plus familial mais bien plus ennuyeux. La grande récompense ? La Glace italienne à l’arrivée parce qu’on l’a bien méritée non ?
On pourrait rester plusieurs jours à Brecon beacons pour découvrir toutes les beautés de ce parc préservé. En été tout y est vert mais dès les premiers jours d’automne le parc revêt des teintes cuivrées et l’ambiance change complètement, pour devenir encore plus mystérieuse à l’arrivée des premières neiges. Les montagnes ne montent pas à plus de 860 mètres d’altitude, aucune rando ne peut donc avoir un énorme dénivelé, mais certaines sont plus difficiles que d’autres. Pour des familles ou pour un début de séjour, celle de Pen Y Fan est parfaite. Au retour de la rando je n’ai qu’un regret : ne pas avoir prévu un jour de plus pour aller plus à l’ouest rendre visite au lac de Llyn y Fan Fawr. Ce sera pour une prochaine fois.
Autre détail, d’importance, Brecon Beacons fait partie des plus grandes réserves de ciel étoilé au monde. Les réserves de ciel étoilé ont été créés en 2006 par l’International Dark sky Association, qui a décidé de fonder une sorte de label avec pour but la protection de certains espaces pour alerter et lutter contre la pollution lumineuse. Il existe à ce jour 13 réserves dans le monde, elles ont un but écologique, politique mais aussi touristique évident puisqu’elles accueillent un certain type de tourisme. Quatre sont situés au Royaume-Uni dont deux au Pays-de-Galles : Brecon Beacons et Snowdonia. Il en existe deux en France : le Pic du Midi de Bigorre et le parc des Cévennes, le parc du Mercantour a fait une demande en 2019. La pollution lumineuse est loin d’être un sujet anodin dans la lutte écologique puisque cette pollution a un impact immédiat sur nos sociétés et sur nos comportements. Si le sujet vous intéresse n’hésitez pas à me demander des infos biblio ou autre, plusieurs émissions y ont été d’ailleurs consacrées sur France culture, notamment dans l’émission « La méthode scientifique ».
C’est foufou ces paysages quand même !
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Très envie d’aller au Pays de Galles cette année ; et de voir un tout autre visage du Royaume-Uni 🙂
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