Après avoir fait mon bilan où je vous parlais de mes moyens de transports préférés et de ma culpabilité de trop polluer en voyage je me suis rendue compte que j’avais vraiment très envie de vous parler de mon expérience du train en Norvège, qui fait partie de mes meilleures découvertes de l’année. J’ai toujours adoré prendre le train et j’étais même assez triste quand les 2h30 pour aller de Paris à Strasbourg ont été réduites à 1h50; alors prendre le train en voyage était une idée qui m’a assez vite séduite et les vues sur l’incroyable paysage norvégien depuis les fenêtres du train menant d’Oslo à Bergen hissent ce moyen de transport au sommet de mon TOP.
Malheureusement qui dit train, dit fenêtre et vitesse, et je n’ai pas un niveau suffisant en photographie pour rendre correctement ce que j’ai vu, mais je suis finalement assez contente de ces clichés pris sur le vif et qui rendent, si ce n’est la beauté, au moins l’ambiance de cette journée.

Suivez-moi : on enfile ses après-skis, on remet son bonnet et ses moufles et en route pour traverser le centre d’Olso en direction de la gare par un frais matin d’octobre où l’aube ne s’est pas encore levée.
Nous avions prévu ce long week-end en Norvège – 5 jours – au dernier moment et comme Oslo ne me faisait pas particulièrement rêver j’avais décidé de vite lever le camp pour aller à Bergen, capitale des fjords, qui nous rapprochait des paysages majestueux que j’avais envie de voir en cette fin d’automne. Après avoir regardé quelques blogs j’ai pris connaissance d’une ligne de chemin de fer, parmi les plus belles du monde disait internet, qui joignait les deux villes en 6h30, en passant par le plus haut plateau d’Europe, la Hardangervidda, royaume des rennes.
J’ai, par la même occasion, découvert qu’il y avait un réseau de chemins de fer plus que conséquent en Norvège et que malgré le coût de la vie plutôt TRES élevé, le prix du train restait parfaitement abordable grâce aux mini-prix – un Aller Oslo/Bergen est à 45€, un peu moins que les tarifs de la SNCF. Même en m’y prenant au dernier moment j’ai réussi à obtenir ces billets. J’ai fait attention à prendre des horaires qui nous permettaient de voir le paysage, c’est-à-dire pas l’après-midi alors que le soleil se couche extrêmement tôt à cette latitude.

8h – le Samedi 27 octobre 2018
Nous voici donc à la gare, un café dans une main et les billets dans l’autre, prêts à monter dans le train, à la fois fatigués et excités. Hélas première déception : les places que j’ai réservées ont visiblement changé et je ne suis pas du tout où je voulais. En bon Français on décide tout de même de s’attribuer la place tant voulue – face à face, avec une tablette – tout en surveillant à chaque arrêt si quelqu’un souhaite récupérer sa place. 6h plus tard personne ne nous a rien demandé et on aurait pu se passer de ces petits moments d’angoisse à chaque arrêt en station.
Le train siffle, s’ébranle, et nous voilà partis. J’ai prévu dans mes oreilles « Peer Gynt », l’opéra d’Edvard Grieg, l’un des grands compositeurs norvégiens. Mes parents m’avaient plus ou moins imposé cette musique lors de notre premier séjour en Norvège il y a dix ans et j’avais adoré. Cette œuvre a été faite pour les paysages de ce pays et j’ai l’impression de vivre l’âme de la Norvège en mêlant l’ouïe et la vue. Mais j’attends un peu avant de plonger des deux pieds dans l’imaginaire scandinave, pour le moment j’observe la banlieue d’Oslo que nous quittons lentement pendant que les premières lueurs apparaissent sans parvenir à chasser la lune.


Très vite nous quittons la ville, Oslo est construite autour d’un fjord et la nature n’est jamais loin. J’essaie de suivre sur une carte où nous sommes mais j’abandonne vite. Drammen, Nesbyen, Geilo, les stations aux noms inconnus se suivent et nous emportent au cœur de la Norvège. J’avais peur que l’automne soit déjà achevé à ces latitudes mais nous longeons des bois, des fjords et des rivières où les arbres dorés tranchent sur les eaux d’un bleu profond. Pendant plus d’une heure c’est un festival de couleurs automnales que je n’ai évidemment pas le temps de capturer en photo.

Le soleil monte en même temps que le train : les arbres multicolores font place à des forêts de conifères, les fjords ou lacs se suivent et ne se ressemblent pas, ils deviennent de plus en plus impressionnants. Le paysage se fait plus vaste, plus vallonné et sur les panneaux du train l’altitude continue de grimper.


11h – Geilo
A quelques endroits on commence à percevoir de la neige, ici les forêts ont été coupées, les habitations se font plus nombreuses et l’ensemble est aussi moins harmonieux, plus triste. J’ai enfin installé Peer Gynt dans mes oreilles, et ce paysage un peu morne est ravivé par le chant de Solveig. L’altitude n’en finit plus de monter : 400m, 600m, 800m… Puis nous arrivons dans un tunnel. Je trépigne d’impatience en me demandant quand est-ce qu’on va enfin arriver sur le fameux plateau de la Hardanggervida où se trouve l’un des plus grands troupeaux de rennes sauvages du monde. Même si je devine bien qu’avec le bruit du train et la proximité des habitations aucun renne n’ira s’aventurer jusqu’à nous.


Pour tromper notre attente on sort notre repas du midi qui se réduit à quelques tranches de jambon achetées la veille avec des galettes de maïs suspectes qui s’avèrent être à la fois excellentes et très consistantes. Les prix sont tels en Norvège que c’est bien se nourrir qui nous a causé le plus de soucis, et à part ces galettes, on n’est pas vraiment ravis de notre maigre pitance. A peine le repas achevé la lumière du jour revient, nous sommes sortis du tunnel. En l’espace de quelques dizaines de minutes nous avons totalement changé de saison et de planète.


Devant nous un immense lac d’un bleu pâle s’étend sous le blizzard qu’on entend souffler à l’intérieur même du train. Nous sommes arrivés en hiver, les collines qui marquent l’horizon sont blanches et se fondent dans le nuage de neige qui recouvre la toundra. Tout semble désert et sauvage, peu de traces humaines, seulement les éléments qui malmènent un peu le train. On reste le nez scotché à la vitre de peur de perdre une miette de ce spectacle auquel on ne s’attendait pas. J’espérais bien voir de la neige mais je n’avais pas pensé que la Hardangervidda en serait intégralement recouverte.
Fin octobre, début novembre est une période impossible à prévoir en Norvège: c’est le moment où l’hiver arrive et s’installe durablement, d’un jour à l’autre le paysage peut totalement changer et on ne sait jamais si les routes et les randonnées seront ouvertes le jour même. On apprendra par la suite que de fortes chutes de neige ont eu lieu les jours précédents, ce qui a donné au plateau cet aspect de bout du monde.


Depuis toujours la vue de grandes étendues blanches m’apaise, et la simple mention des territoires du grand nord, de Svalbard, du Groenland ou de la Laponie m’emporte dans des rêveries qui me redonnent à coup sûr le sourire. Je ne peux pas vraiment vous exprimer mon ravissement quand des heures durant l’Oslo-Bergen traverse lacs et champs devenus immaculés sous le regard des quelques collines et montagnes qui s’élèvent par endroits. Le train continue de monter tandis que la tempête de neige s’abat sur nous toujours plus forte, le paysage disparaît à certains moments pour réapparaître dans un halo de lumière. Le soleil n’est jamais bien loin. Quelques cabanes norvégiennes longent les voies de chemin de fer et je me demande comment ces cahutes sont accessibles en plein mois d’hiver. Je ne vois aucune route, aucun chemin, tout a été recouvert par la neige, aucune voiture ne semble pouvoir arriver jusqu’ici.



Midi – Finse
J’ai ma réponse lorsque le train s’arrête en gare de Finse, la plus haute station de Norvège, qui culmine à 1222m. Nous avons atteint la plus haute altitude du voyage et l’arrêt ici se fait plus long. Finse est une vraie petite station d’altitude et les quelques voyageurs qui en descendent sont tous munis de skis de randonnée qu’ils chaussent pour atteindre leurs cabanes dispersées autour du lac. Car j’avais vu juste : la ville n’est accessible que par train, à vélo ou à ski. Que fait-on à Finse en cette période de l’année ? Est-ce qu’ils ont le wifi ici ? Comment fait-on ses courses ? Mon copain a bien du mal à s’imaginer passer des vacances ici tandis que je me verrais bien sur un fauteuil à regarder la course du soleil sans rien faire d’autre que me servir un bon thé chaud. Nous n’avons pas le temps d’étudier davantage ces problématiques que le train s’ébranle à nouveau. Nous entamons désormais la descente qui nous mènera à la mer et à Bergen.


Le soleil est enfin de retour parmi nous et nous permet d’admirer la vallée glacière qui succède au plateau de la Hardangervidda. J’en profite aussi pour aller me chercher un autre café et découvrir le super wagon restaurant. J’ai été plutôt déçue par le confort du train, habituée aux sièges moelleux et aux moquettes chaleureuses de la SNCF, le train norvégien m’a paru plutôt rudimentaire et un peu froid. En revanche le wagon restaurant m’a convaincue : de vraies tables avec des bancs en bois et des chaises alignées le long des fenêtres pour siroter son chocolat chaud sans perdre de vue le paysage, on aurait envie d’y rester plusieurs heures.

12h30 – Myrdal.
Myrdal est une des stations les plus connues de Norvège, c’est d’ici que part la ligne qui permet de rejoindre la petite ville de Flåm, au bord de l’Aurlandfjord par un vieux train à vapeur : le Flåmsbana. Il s’agit de la ligne la plus raide du monde sans câble et elle passe à côté de nombreuses cascades dans des gorges étroites. Ce trajet est souvent conseillé quand on dispose de peu de temps en Norvège, il est notamment accessible depuis Bergen qui ne se trouve qu’à 3h de Myrdal. Une fois à Flåm un bateau permet de faire le tour des fjords et de voir l’essentiel de la Norvège en une journée. L’excursion s’intitule d’ailleurs « Norway in a nutshell » et même si les prix semblent élevés cette option est plutôt intéressante car elle permet de ne pas se prendre la tête sur les multiples réservations.


En ce qui nous concerne nous ne descendrons pas à Flåm, mais je sors tout de même pour sentir le froid et voir les touristes changer de quai. Il me semble être déjà passée par Myrdal en été mais je n’en ai qu’un souvenir confus. Il n’y avait aucune trace de neige à l’époque et le plateau m’avait plutôt fait penser à l’Ecosse. Impossible de reconnaitre les lieux.

Une succession de petits tunnels nous empêche de voir vraiment le dernières traces de neige. Lorsque nous émergeons de nouveau au soleil nous traversons des forêts de conifères. Les teintes vertes ont remplacé le blanc, les maisons rouges se multiplient au cœur de vallées riantes, on se croirait arrivés au printemps. Seuls les sommets nous rappellent qu’à de plus hautes altitudes l’hiver s’est installé. Les cascades et les torrents que longent le train prennent de la vigueur et leur chant se confond avec les bourdonnements du train. Aucun nuage ne se présente à l’horizon lorsque nous atteignons Voss.


14h – Voss
Depuis le quai de la gare la ville ne m’apparait pas particulièrement jolie, mais cette station située à mi-chemin de Bergen et Myrdal est surtout connue pour les possibilités sportives qu’elle offre, elle a même été renommée « capitale de l’aventure ». Nous longeons à présent des fermes colorées qui tranchent sur l’herbe verte. Quand nous repasserons par ici en voiture deux jours plus tard le givre aura habillé la vallée et tout paraitra pastel.


L’altitude a fortement baissé et nous ne tardons pas à atteindre le niveau de la mer, c’est ce que je suppose en tout cas lorsque nous croisons nos premiers fjords depuis Oslo. Nous suivons le Sorfjord de Dale à Arna. La lumière de fin d’après-midi, alors qu’il n’est que 14h, rend les couleurs plus chaleureuses. Le bleu du fjord se fait plus profond, les arbres dénudés qui habillent les collines ne paraissent pas si tristes, et surtout les feuilles dorées des bouleaux volettent en tous sens comme une pluie d’or qui s’abattrait sur le fjord.


Derrière les vitres du train on a chaud et on est bien. Difficile de se dire que ça fait déjà 6h qu’on est assis à la même place, on n’a pas du tout vu le temps passer, trop occupés à contempler chaque nouveau paysage qui se présentait à nous.


15h30 – Arrivée à Bergen.
J’avais prévu de prendre le train tôt et d’arriver tôt pour éviter la nuit tombante. C’était sans penser que Bergen se situe bien plus à l’ouest qu’Oslo, donc le soleil s’y couche plus tard ; et que le changement d’heure n’avait pas encore eu lieu. La lumière a beau se faire rasante elle restera ainsi pendant encore trois longues heures, les dernières lueurs disparaissant vers 19h.
Nous débarquons à Bergen avec notre immense soleil et traversons la partie centrale et historique de la ville aussi ravis par notre voyage que par ce que nous découvrons ici : de jolies rues pavées bordées de maisons multicolores en bois. Là débute la seconde partie de notre séjour en Norvège, mais ce sera pour un autre article.

Mon avis sur le voyage en train:
J’ai été plus que ravie par cette expérience de voyage en train, j’ai décidé de favoriser autant que possible ce mode de transport durant mes voyages. Malheureusement il est souvent difficile quand on n’a pas beaucoup de jours de perdre beaucoup de temps dans les transports. La Norvège se prête particulièrement bien à ce type de voyage car ce sont avant tout les paysages qui sont à voir, les villes, bien qu’intéressantes, sont rarement le but d’un voyage en Norvège.
Il n’en va pas de même dans des pays comme l’Italie où l’Espagne. Et pourtant. En Italie le réseau de train est très bien développé, surtout dans le nord, et pas très cher. Si les petits villages ne sont pas accessibles, il peut être intéressant de se renseigner pour réaliser des road trip passant par les moyennes et grandes villes du pays. A peine rentrée j’ai regardé quelles belles lignes de chemins de fer existaient en Europe mais internet est peu prolixe à ce sujet et je n’ai trouvé que la Suisse dont les trajets sont certes superbes mais un peu hors de mes prix.
Je suis donc à l’affût de toute ligne ferroviaire qui permettrait d’avoir un bel aperçu d’une région ou d’un pays ; qu’il s’agisse d’une ligne touristique ou pas (et de préférence « ou pas »), qu’elle soit en France, en Europe ou ailleurs.
INFORMATIONS PRATIQUES :
Rendez-vous sur le site de la NSB pour réserver vos billets de trains – si vous voulez disposer de billets mini-prix essayez de réserver à l’avance, à moins comme nous de faire ça à une époque où personne ne va à Norvège.
Attention la Norvège n’a pas l’euro, il faut convertir en couronnes norvégiennes, actuellement 1Krn = 0.10 €
Il est possible de manger à l’intérieur du train, je n’ai pas regardé les prix puisque j’ai seulement pris un café, mais ce n’était pas plus cher que ce qu’on a vu à la gare d’Oslo donc ça peut finalement s’avérer une bonne idée. On profite au moins d’une très belle vue et d’un certain confort.
Le wifi est disponible dans le train mais marchait assez mal en ce qui me concerne.